Au fil de l'AFP

La fin de vie : le podcast original de « Sur le fil » en 3 parties est disponible

Pour cette série de trois épisodes spéciaux du podcast Sur le fil, Antoine Boyer est parti à la rencontre des citoyens de la convention citoyenne sur la fin de vie, des médecins en soins palliatifs, des psychologues et des malades pour mieux comprendre ce sujet souvent tabou. Interview de l'auteur de cette série.

 

La législation actuelle sur la fin de vie, qui n'autorise pas en France l'euthanasie ou le suicide assisté, ne répond pas à toutes les situations, ont estimé mercredi 29 mars 2023 des députés chargés de l'évaluer alors que l'exécutif envisage un changement de loi. 

Une « convention citoyenne », composée de quelque 180/185 Français tirés au sort, rendra début avril un avis destiné à conseiller le gouvernement sur la fin de vie mais ses travaux n'engagent pas le gouvernement et sont indépendants de ceux présentés mercredi par les parlementaires. 

Ce sujet de la fin de vie est très intime, avez-vous pris de précautions particulières pour interviewer les citoyens et les malades pour cette série de podcast ? 

Antoine Boyer : Oui j’ai essayé d’être le plus courtois possible, souvent quand je pose des questions intimes, je préviens mon interlocuteur que c’est une question intime et qu’il n’est pas obligé d’y répondre. Il n’est pas toujours aisé de répondre à la question : « Pensez-vous souvent à la mort » quand vous êtes malade. Ce qui m’a marqué en interviewant par exemple Thérèse, une dame âgée de 72 ans atteinte de la maladie de Charcot, c’est son appétit de vivre. Même quand on est malade et que la fin de vie approche, certains arrivent encore à profiter intensément de cette « parenthèse enchantée » qu'est la vie. La question posée par la convention citoyenne sur la fin de vie est toutefois différente, c’est comment moins souffrir quand on est très malade.

L’avis des citoyens rencontrés a-t-il changé au fil de ces 9 week-ends de débats ? Et celui des professionnels (psychologues, médecins, ...) ?

A. B. : Quelques citoyens ont changé d’avis oui. Je pense à cette citoyenne qui me racontait qu’au début de la convention elle était en faveur du suicide assisté, avec de nombreuses conditions, et qu’au fur et à mesure son opinion a évolué. Aujourd’hui elle est tout à fait contre l’aide active à mourir, qu’il s’agisse de l’euthanasie ou du suicide assisté. Ce que j’ai aussi trouvé marquant, c’est que beaucoup de citoyens n’avaient pas un avis très tranché en arrivant, beaucoup n’avaient d’ailleurs jamais entendu parler de la loi Claeys-Leonetti qui encadre la fin de vie. Et en écoutant des dizaines d’experts, médecins, psychologues, philosophes, en étudiant la législation, en débattant entre eux, ils se sont forgé une opinion. Ces citoyens sont véritablement devenus des experts. Ils ont été formés pour en tout cas. Pour cela, leur parole est plus que légitime.  

Quand à l’avis des professionnels je ne sais pas trop. Ce qui est marquant dans cette histoire, c’est qu’en fin de compte, tout le monde a raison. C’est vraiment ce que je retiens de ces semaines de débats, des témoignages que j’ai recueillis : que l’on soit pour ou contre l’euthanasie et le suicide assisté, qu’on ait changé d’avis ou pas, tous les arguments sont recevables, s’entendent, car ce sujet est parfois professionnel, mais toujours personnel et intime.   

D’autres épisodes sont-ils prévus si la loi évolue suite à la restitution des travaux de cette convention citoyenne ? 

A. B. : J’espère, c’est un sujet qui nous intéresse beaucoup dans Sur le fil. Après il n’est pas toujours facile de parler de la mort à nos auditeurs et auditrices. C’est un sujet qui ne fait pas toujours très envie. Un de nos auditeurs a commenté notre premier épisode en disant : « je n'avais pas forcément envie de parler de la mort à 8h ». Je ne suis pas certain qu’il ait écouté la suite des épisodes. Mais ce n’est pas pour ça qu’il faut arrêter d’en parler !